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Questions / Réponses

Existe-t-il une liste des perturbateurs endocriniens ?

Les autorités compétentes du Danemark, avec la collaboration de celles de la Suède, des Pays-Bas, de la France et de la Belgique ont lancé un nouveau site web fournissant des listes de perturbateurs endocriniens : edlists.org

Le site présente trois listes :

  • Liste I Substances identifiées réglementairement PE au niveau européen (REACH, BPR, PPPR)
  • Liste II Substances engagées dans un processus réglementaire pour une éventuelle identification PE (CoRAP REACH, PPPR, BPR, CR)
  • Liste III Substances identifiées PE dans le cadre de l’élaboration de ce site web (par une des autorités nationales impliquées dans le projet), sans identification réglementaire au niveau européen.

Le site web précise l’absence de valeur réglementaire de l’inclusion d’une substance dans une ou plusieurs listes du site. En particulier pour la liste III, il est précisé que l’évaluation et l’inclusion à la liste qui s’en suit relèvent de la seule opinion et de la seule responsabilité de l’autorité effectuant l’inclusion et n’impliquent pas le fait que d’autres États membres soient d’accord avec l’inscription.

À noter également que le site prévoit une page (qui n’est pas nommée quatrième liste) de substances pour lesquelles des nouvelles données ont permis de lever l’alerte et qui ont été retirées des listes I, II ou III.

En France l’ANSES, dans le cadre de la seconde stratégie sur les perturbateurs endocriniens (SNPE2, Action 3), a pour mission d’élaborer 2 listes de substances en lien avec la perturbation endocrinienne.

  • La première liste regroupera les substances dont une activité endocrine a été documentée. Elle sera présentée comme une liste de substances d’intérêt en raison d’une potentielle perturbation endocrinienne, et a pour vocation de faciliter la priorisation des substances pour une évaluation formelle et une éventuelle identification en tant que perturbateur endocrinien. La liste et la méthodologie d’élaboration devraient être publiées conjointement.
  • La seconde liste classera les substances en 3 catégories : perturbateur endocrinien avéré, présumé ou suspecté. La méthodologie d’identification est en cours d’élaboration. Cette liste de perturbateurs endocriniens en trois catégories devrait être remplie au fur et à mesure des évaluations.

 

Peut-on encore acheter aujourd’hui des produits contenant des perturbateurs endocriniens ?

Il n’y a pas encore de définition officielle de ce qui est désigné comme «perturbateur endocrinien » dans les textes règlementaires, ni de document guide pour désigner clairement ces substances. Les discussions en cours à ce sujet au niveau européen pourraient amener à faire évoluer les obligations de tests à réaliser, et à terme, à réévaluer certains produits actuellement sur le marché. Pour autant, ceci ne signifie pas que l’achat de ces produits expose le consommateur à un risque.

En effet, la règlementation impose déjà d’évaluer l’éventuelle toxicité des produits chimiques (avec des degrés variables d’exigence selon le type de produit concerné et/ou l’usage prévu) et les effets des perturbateurs endocriniens peuvent être détectés par les tests existants.

Par exemple, les perturbateurs endocriniens reprotoxiques, c’est-à-dire toxiques pour la reproduction, sont déjà très bien encadrés, au même titre que les produits cancérogènes.

Les perturbateurs endocriniens expliquent-ils l’augmentation des cancers ? de l’infertilité ? de l’obésité ?

L’incidence de certains types de cancer augmente, tout comme celle du nombre de personnes concernées par l’obésité ou par des problèmes d’infertilité. Pour chacune de ces problématiques, les raisons de l’augmentation ne sont pas établies. Cependant des causes environnementales sont de plus en plus avancées. Les maladies considérées sont multifactorielles, et si certains mécanismes qui aboutissent à leur apparition sont liés à l’évolution de nos modes de vie, d’autres impliquent des hormones.

Il est donc légitime que certaines équipes de scientifiques recherchent s’il existe un lien entre ces maladies et l’exposition aux perturbateurs endocriniens. Ces travaux de recherche n’ont pas démontré qu’une perturbation endocrinienne par des substances présentes dans l’environnement augmente significativement le risque d’être atteint par ces maladies.

Des alertes ont néanmoins été régulièrement émises par des scientifiques, et la volonté commune de l’industrie et des autorités sanitaires est la maîtrise des risques liés à la perturbation endocrinienne.

Découvrira-t-on de nouveaux perturbateurs endocriniens potentiellement dangereux pour l’homme dans les années à venir ?

Les perturbateurs endocriniens font l’objet en ce moment d’un travail de mise en place d’une nouvelle législation et de nouvelles procédures de tests. L’objectif est de bien identifier les perturbateurs endocriniens pour pouvoir les interdire (notamment pour les utilisations grand-public) ou en réserver l’usage à des situations dans lesquelles les avantages l’emportent largement sur les risques liés à la poursuite de leur utilisation.

En ce qui concerne les substances déjà sur le marché, de nouvelles procédures de tests vont être appliquées pour mieux détecter les produits chimiques susceptibles d’être des perturbateurs endocriniens. Comme il s’agit de procédures nouvelles (qui viennent compléter celles déjà appliquées), il est possible que certaines substances soient considérées comme perturbatrices endocriniennes alors qu’elles ne le sont pas jusqu’à présent.

Ces tests sont justement élaborés dans ce but. La science progresse, et avec elle, les tests de toxicité des produits chimiques progressent également, pour toujours plus de sécurité pour le consommateur, le professionnel et l’environnement.

Qu’est-ce que l’effet cocktail ?

La toxicité d’un mélange de molécules peut être différente de l’addition des toxicités des molécules qui le composent. Par exemple, il est bien connu que certains médicaments interagissent entre eux. Leur utilisation conjointe peut alors aboutir à l’apparition d’effets indésirables.

La question qui se pose dans le cas des produits de consommation courante est de savoir si l’exposition à une multitude de molécules (y compris d’origine naturelle, apportées par l’alimentation, les matières végétales, etc.), le plus souvent à très faible dose, pourrait avoir des effets sur notre santé ou sur l’environnement. Ces effets sont en cours d’évaluation par de nombreuses équipes de recherche.
Les données disponibles actuellement montrent que les profils de toxicité des molécules isolées permettent de prévoir la toxicité des mélanges dans la très grande majorité des cas.

Comment se protéger des perturbateurs endocriniens ?

En encadrant strictement les usages des produits identifiés comme susceptibles de nuire à notre santé, la réglementation sur la prévention des risques chimiques constitue la première protection mise à disposition des consommateurs.

Sachant cela et pour se protéger au mieux des perturbateurs endocriniens, il convient de respecter les usages prévus pour les produits qui sont sur le marché. Les notices contiennent toutes les informations utiles pour ne pas en faire de mauvais usage.

Enfin, certaines périodes de vie (la grossesse ou le bas-âge notamment) peuvent nous rendre plus sensibles à l’action des perturbateurs endocriniens. Durant ces périodes, il convient d’être particulièrement vigilant.

Est-il vrai que certaines substances naturelles comme le soja sont des perturbateurs endocriniens ?

VRAI

Certains composés chimiques naturels contenus dans le soja, les carottes, le café, le houblon, la réglisse, etc. peuvent interagir avec le système endocrinien. À fortes doses, certains d’entre eux peuvent bien entendu avoir des effets néfastes.

Compte tenu des propriétés endocriniennes avérées des œstrogènes végétaux (phyto-œstrogènes) qu’ils contiennent et de la sensibilité particulière du fœtus à ces substances, l’agence nationale de sécurité sanitaire de l’alimentation, de l’environnement et du travail (ANSES) a recommandé, pour éviter tout risque, que la consommation du soja soit évitée ou réduite pour les femmes enceintes et les enfants en bas âge.

Pourquoi les industriels n’appliquent-ils pas le principe de précaution ?

Il est faux de dire que les industriels n’appliquent pas le principe de précaution. Les substances chimiques mises sur le marché doivent se conformer à REACH, la réglementation la plus stricte pour les produits chimiques à travers le monde. Avec REACH, les industriels sont dans une démarche de prévention des risques qui pourra, au besoin, conduire à retirer certains produits.

En outre, des études de toxicovigilance (surveillance des effets toxiques d’un produit) sont mises en place après la mise sur le marché de certaines substances pour vérifier que leur utilisation réelle ne s’accompagne pas de l’apparition d’effets indésirables que les études expérimentales n’auraient pas prédit. Dans le cas de l’apparition d’un effet indésirable, la classification de ces substances peut être modifiée et des restrictions de leurs usages sont mises en œuvre.

Enfin, lors du développement de nouveaux produits (en phase de recherche et développement), les industriels s’abstiennent de développer des molécules dont la structure est proche de celle d’un toxique connu ou qui appartient à une famille chimique problématique. De tels choix ont pour conséquence de se priver de molécules et de marchés potentiels, même en l’absence d’indication quant à la toxicité réelle de la substance.

Quelle est la différence entre Danger et risque

Le danger est la capacité à créer un dommage. C’est est un des éléments qui conditionne le risque, qui est quant à lui la combinaison d’un danger et de l’exposition à ce danger.
Ainsi, un risque peut être faible voire nul, même en présence d’un grand danger.

Par exemple, tomber d’une haute falaise provoque la mort ou de graves blessures, donc le danger est très grand, mais le risque est très faible lorsqu’un mur ou une barrière se trouvent devant la falaise.

différence danger et risque - perturbateur endocrinien

Dans le cas des perturbateurs endocriniens, le danger représente les effets néfastes qui résultent de la perturbation du système endocrinien, et le risque ne se réalise que lorsqu’un organisme est exposé à un moment pendant lequel il est vulnérable, à une dose susceptible d’entraîner des effets sanitaires.

Les études scientifiques menées par l’industrie sont-elles fiables ?

Les études menées par l’industrie sont fiables, et font l’objet de contrôles indépendants concernant les études elles-mêmes, les laboratoires dans lesquelles elles sont réalisées, et la qualification du personnel impliqué.

Les études doivent en effet se soumettre aux exigences très élevées des « Bonnes Pratiques de Laboratoire » (BPL) qui garantissent la qualité, la reproductibilité et l’intégrité des données générées. Les études sont conduites selon des protocoles d’essais standardisés internationalement (OCDE), ce qui permet la comparaison des résultats sur les substances, quel que soit le pays où les études ont été réalisées. De plus, lorsqu’elles sont versées dans les dossiers réglementaires, ces données (méthodologie, résultats, interprétations) sont vérifiées par les agences sanitaires nationales et européennes pour un deuxième processus d’examens. À cette étape, la pertinence scientifique des tests réalisés est aussi évaluée et discutée par les scientifiques spécialisés de ces agences.

Par ailleurs, les industries intègrent des équipes scientifiques hautement compétentes avec des toxicologues, des écotoxicologues, des médecins, des pharmaciens, etc. qui ont une parfaite connaissance de leurs produits et possèdent un très haut niveau d’expertise scientifique.

L’effet d’un perturbateur endocrinien observé sur l’animal permet-il toujours de prévoir son effet sur l’être humain ?

Non, les différences entre les êtres humains et les animaux sont nombreuses et toute interprétation est difficile, surtout quand il s’agit de domaines complexes comme c’est le cas pour les perturbateurs endocriniens. L’interprétation des études de recherche en biologie, que ce soit in vitro ou chez l’animal, ne peut pas s’envisager de façon isolée.

Ce n’est qu’en recoupant un très grand nombre d’informations obtenues au moyen de nombreuses études de types différents que l’on arrive à conclure si l’effet observé sur l’animal peut être extrapolable à l’homme.

Les perturbateurs endocriniens provoquent-ils la diminution de notre intelligence ?

Ce qui est bien connu, c’est que le développement du cerveau et ensuite son bon fonctionnement dépendent d’hormones, principalement des hormones thyroïdiennes, et qu’une perturbation importante de ces hormones pendant la grossesse provoque des troubles mentaux après la naissance. Cette situation est observée dans les cas de carence en iode (c’est ce que l’on a pu observer dans le passé notamment à travers le « crétinisme des Alpes »). Ces effets sévères sont observés lorsque les concentrations sanguines en hormones thyroïdiennes sont diminuées de façon très importante.

Il est en revanche plus difficile de dégager des tendances sur l’évolution de l’intelligence dans nos sociétés. Des études semblent indiquer une baisse du quotient intellectuel dans certains pays après plusieurs décennies de hausse, mais ces études sont peu nombreuses et souffrent de nombreux défauts. La recherche sur ce sujet doit donc se poursuivre pour permettre de se faire une idée plus précise du phénomène, et surtout si le recul se confirme, pour en comprendre les causes.

Il est également difficile de se prononcer sur un effet éventuel des molécules auxquelles nous pouvons être exposés sur le quotient intellectuel. Des perturbateurs endocriniens susceptibles de provoquer de tels effets sont identifiables dans les études chez l’animal. D’autres facteurs peuvent intervenir, comme les évolutions des cursus et programmes scolaires, les procédures de mesure du coefficient intellectuel, le temps passé devant les écrans, ou encore un déficit en iode. Le lien entre les perturbateurs endocriniens qui affectent les hormones thyroïdiennes et la baisse de l’intelligence reste par conséquent à ce jour une hypothèse de travail, non étayée par des données scientifiques robustes.

                                                                       
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