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Décryptage / Débat

Gestion des perturbateurs endocriniens sous REACH : comment une approche pragmatique peut être mise en œuvre ? Le cas du résorcinol

L’info

Les perturbateurs endocriniens sont encadrés dans le règlement REACH par l’article 57 : les substances présentant des propriétés perturbateurs endocriniens peuvent être identifiées comme SVHC1 car la perturbation endocrinienne peut être considérée aussi préoccupante que des propriétés CMR (cancérogène, mutagène, reprotoxique) ou PBT/vPvB. De ce fait, les perturbateurs endocriniens peuvent être inscrits à la liste candidate et être soumis à autorisation, mais aussi à restriction, dans la cadre de REACH, ce qui permet un contrôle strict de leur utilisation ou une restriction d’usage au sein de l’Union européenne.
Cependant, l’identification des perturbateurs endocriniens et leur encadrement réglementaire par REACH est un processus nouveau qui doit être précisé à la lumière des retours d’expérience.

Aujourd’hui 13 substances ayant des propriétés de perturbation endocrinienne ont été inscrites sur la liste candidate à l’autorisation dans le cadre de REACH, et ainsi reconnues comme SVHC, dont 6 substances qui ont été intégrées dans l’annexe XIV (interdites d’utilisation sauf si autorisées). De plus, plusieurs substances PE ont été intégrées à l’annexe XVII (autorisées sauf dans le cadre de restrictions particulières).
L’identification de ces substances en tant que PE a été réalisée sur la base de la définition de l’OMS, qui a également été retenue pour établir les critères d’identification des PE pour les biocides et les produits phytopharmaceutiques.

En mai dernier, l’agence de santé-environnement finlandaise, Tuka, a publié une RMOA (analyse de la meilleure option de gestion des risques) concernant le résorcinol.

Le décryptage

Ce rapport conclut que le résorcinol est bien un perturbateur endocrinien et correspond aux critères actuellement retenus pour les biocides et pesticides, à savoir un effet néfaste de la substance, une perturbation du système hormonal, et l’existence d’un lien plausible entre cette perturbation et l’effet néfaste. En effet, le résorcinol bloque une enzyme, la thyroïde peroxydase, qui est indispensable à la synthèse des hormones thyroïdiennes. Le déficit hormonal engendré empêche le bon fonctionnement de l’organisme, et affecte la glande thyroïde elle-même.

En revanche, les effets ne sont observables que pour des doses très élevées, bien au-delà des doses auxquelles sont exposés les consommateurs, les travailleurs ou l’environnement. La RMOA a ainsi permis de déterminer l’absence de bénéfice à inclure le résorcinol dans la liste des SVHC.
L’exemple du résorcinol montre ainsi que l’évaluation du risque pour un perturbateur endocrinien dans REACHdoit être faite au cas par cas en tenant compte de la relation entre la dose et l’effet.
Cette analyse suggère que, dans REACH, les perturbateurs endocriniens ne sont pas destinés à être systématiquement considérés comme SVHC, et que la décision doit être prise au cas par cas en fonction de l’évaluation des risques, en prenant en compte toutes les phases du cycle de vie du produit (fabrication, usage et fin de vie).
1SVHC : Substance of Very High Concern, en français « substance extrêmement préoccupante »

                                                                       
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